Eléments de philosophie réaliste
et prolongements spéculatifs
« La capacité concrète, effective à penser une certaine chose requiert une certaine forme d’ajustement au réel qui ne s’acquiert que par un long exercice et qui lui-même suppose un certain nombre de liens de fait, multiples et parfois passablement enchevêtrés, avec ce même réel »
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| Qu'est-ce que le réel? |
1. Un réalisme des situations
Benoist rejette l’idée d’un réalisme métaphysique classique qui postulerait un monde indépendant de toute expérience humaine, tout en critiquant également l’idéalisme radical qui soutiendrait que tout n’est que projection de la conscience. Pour lui, le réalisme doit être pensé à partir des situations concrètes dans lesquelles nous sommes engagés. Le monde, pour Benoist, est toujours donné à nous dans une situation déterminée, ancrée dans des contextes historiques et pratiques. Ce réalisme est ainsi contextuel et situé.
2. Réalisme et phénoménologie
Sa démarche s'inspire fortement de la phénoménologie, en particulier celle de Husserl et de Merleau-Ponty, mais il cherche à en dépasser certaines limites. Benoist insiste sur le fait que la signification des choses, y compris du monde, n’est jamais purement subjective, mais est toujours déterminée par les contextes dans lesquels ces choses apparaissent. Le monde est co-constitué par les relations entre sujets et objets, dans des cadres sociaux, linguistiques et pratiques.
3. Critique de l’ontologie abstraite
Benoist critique les ontologies trop abstraites, qu’il s’agisse des réalismes métaphysiques ou des idéalismes transcendantaux. Il s’intéresse à une ontologie des pratiques, où les objets sont définis dans les usages et les interactions humaines, plutôt que dans des catégories rigides et indépendantes. Ce réalisme est donc tourné vers une philosophie du langage et de la signification des objets tels qu’ils se manifestent dans la vie quotidienne.
4. Philosophie du langage
Pour Jocelyn Benoist, le langage joue un rôle crucial dans la manière dont nous structurons et comprenons le monde. Il s'inspire de Wittgenstein pour montrer que les significations ne se trouvent pas dans une relation abstraite entre mots et objets, mais dans les pratiques langagières et les usages. En ce sens, le monde est rendu intelligible par nos pratiques linguistiques.
Conclusion
La philosophie réaliste de Jocelyn Benoist se distingue par son ancrage dans la phénoménologie et par son refus des dichotomies classiques entre réalisme et idéalisme. Il propose une réflexion sur le monde à partir des situations concrètes où les objets et les significations se manifestent dans des contextes spécifiques, sans tomber dans le relativisme ou l’abstraction métaphysique.
Prolongements
- Est réel ce qui est indépendant, extérieur, hors de soi,
- Est réel notamment ce qui est postérieur ou antérieur à la pensée (le monde existait avant la pensée et existera après),
- On suppose que ce réel est cependant connaissable, mais de manière subordonnée (la connaissance est dans l'objet car venant de l'objet plus que dans la visée de cet objet),
- Il suffit de montrer et non de démontrer pour accéder à l'objet (la vérité des propositions n'est pas nécessaire, l'intuition suffit),
- Le réel est théoriquement infini et donc ne peut être mis en "boite" ontologique ou alors il faut se contenter d'une ontologie "à plat" qui ne classe rien,
- L'homme n'est plus au centre du monde, la vision égologique de l'homme doit devenir écologique.
D’un autre côté, la physique quantique nous fait remettre en question aussi la catégorisation du monde, les catégories du micromonde ne sont pas celles du macromonde, notamment pour les catégories de matière, d’espace et de temps.


